Le site thématique du CegeSoma – un défi d’envergure aux horizons multiples

Vincent Mazy, CHDJ-UCLouvain

Alors que l’intérêt et la dynamique du numérique se voient multipliés depuis le tournant du 21e siècle et que la discipline des humanités digitales se taille une place de choix dans les modules académiques et scientifiques en Belgique1 et à l’international, de nombreux centres de recherche, établissements scientifiques, culturels, etc. y voient l’opportunité de mettre en place des plateformes numériques porte-étendards de leurs recherches, publications ou collections. Fort de son expérience digitale depuis plusieurs années, le CegeSoma, quatrième direction opérationnelle des Archives de l’État, se dote d’un quatrième site thématique centralisant toutes les informations propres aux activités du CegeSoma dans un cadre de recherche historique fondamentale, de projets d’histoire publique, de documentation et de débats sociétaux.

Un besoin de se renouveler

Le projet de ce nouveau site web, né de la nécessité de moderniser l’ancien site datant de 2007, se concrétise avec la publication de la plateforme en décembre 2019, marquant au passage la valeur symbolique de l’année jubilaire du centre, et témoigne d’une étape importante – voire primordiale – dans le la communication « grand public » du CegeSoma. Après douze ans, le site successeur fait donc peau neuve de son ancêtre, nécessitant de longs préparatifs sous la supervision de Florence Gillet et d’ Isabelle Ponteville, puis, à partir d’août 2020, sous la coordination unique de cette dernière.

La page d’accueil du nouveau site du CegeSoma.

Développé à partir d’un système de gestion de contenu2, le nouveau site du CegeSoma suit un raisonnement « conçu du point de vue du public et des utilisateurs plutôt que, au départ, de sa propre logique institutionnelle »3. L’application se veut conviviale et facile d’utilisation, adoptant une facette user-friendly qui permet à l’utilisateur·trice moyen·ne de s’y repérer directement et aisément. Les chiffres parlent d’eux-mêmes : en 2017, le nombre de visiteurs sur le site s’élève à près de ~31.000 sur l’année, avec en outre 52.000 visites et 174.000 pages consultées. Fin 2020, un an après le lancement de la nouvelle plateforme, ces chiffres augmentent considérablement, se cumulant à près de 80.000 visiteurs, 80.000 visites et plus de 200.000 pages consultées4.

Dans une société qui s’accentue de plus en plus dans un univers digitalisé normalisé et omniprésent, il s’agit de « trouver une réponse immédiate aux questions que l’on se pose »5 en s’appuyant sur les outils numériques modernes à notre disposition. Évolutif – à l’instar des autres sites du CegeSoma et, a fortiori, du monde digital de la recherche –, le site s’enrichit continuellement en proposant un contenu varié, multilingue (néerlandais, français, anglais) et axé principalement autour de trois thématiques : la Première Guerre mondiale, la Seconde et le « CegeSoma à la Une ». Bien que la Seconde Guerre mondiale ait notamment bénéficié d’une plateforme qui lui est propre depuis 20176, le centre entend favoriser – par cette facette thématique tripartite – un accès facile à l’information. L’utilisateur·trice – par le biais d’une recherche en mots-clés – peut alors naviguer parmi les différents projets de recherche (en cours, futurs ou clôturés), évènements ou publications qui sont menés en collaboration avec ses nombreux partenaires.

L’internaute a ainsi la possibilité, dans chacune des trois thématiques, de trier et cibler au mieux sa recherche par mots-clés et par type de contenu (publication, projet, évènement.

Un rôle central

Mettons particulièrement l’accent sur la section du « CegeSoma à la Une » qui offre au·à la lecteur·trice la possibilité de se plonger non pas sur les guerres mondiales, mais bien sur le Centre en lui-même en s’interrogeant sur les rapports annuels des activités de l’équipe, leur Newsletter, le bulletin du Ceges, colloques, conférences ou encore appels à contributions, ainsi que de nombreux évènements et projets supplémentaires. Cette thématique dévoile d’autant plus l’aspect essentiel de cette nouvelle plateforme qui, outre sa volonté éducative, informative et scientifique, se positionne comme noyau centralisateur des nombreuses activités du centre et de ses partenaires, dans une volonté d’assurer le développement et le partage des productions sociétales et scientifiques, tant à l’échelle belge qu’internationale. Ce rôle cardinal s’illustre, outre les trois thématiques citées ci-dessus, par le menu d’accueil. Premièrement, celui de présentation, « Qui sommes-nous », qui reprend l’historique du Centre d’Étude Guerre et Société, son personnel et son organisation, les rapports annuels des différentes activités, ainsi que ses nombreuses collaborations avec des chercheurs associés, des bénévoles, des partenaires et l’ASBL Les Amis du CegeSoma. Deuxièmement, les « Infos pratiques » tant pour l’individu, avec les informations de localisation, de contact, visites, offres d’emploi, location de salle, de reproduction numérique de documents, etc. qu’en termes d’archives, assurant la possibilité de faire don de ses archives afin de leur assurer une conservation durable, stimuler la recherche historique et scientifique et contribuer à la mémoire de la société. Troisièmement, la partie « Nouveautés », qui s’adresse ici tant aux actualités récentes du Centre qu’aux contributions récentes et aux nouveautés du blog à débats BelgiumWWII et des collections. Dernièrement, « Les sites du CegeSoma », offrant un caractère hiérarchique à ce nouveau site, qui renvoie alors vers les trois autres plateformes du centre, à savoir Belgium WWII, The Belgian War Press et la Revue Belge d’Histoire Contemporaine.

Une recherche efficace des archives ?

Si la nouvelle plateforme du CegeSoma a le mérite de partager un contenu informatif et central à l’attention de l’utilisateur·trice, il serait injuste – et surtout malvenu – de passer outre le pilier fondamental auquel tout·e chercheur·se, passionné·e ou citoyen·ne est mené·e – tôt ou tard – à traverser dans sa quête du savoir quand il ou elle parcourt les archives du CegeSoma. Fort de son rôle de gardien documentaire, le CegeSoma offre à ses visiteurs·ses l’opportunité d’accéder à et de consulter ses nombreuses collections7.

L’accès aux collections – Un pivot incontournable du nouveau site du CegeSoma.

L’onglet d’accès aux collections amène l’internaute sur un large panel d’informations, composé de six fenêtres, naviguant entre les catalogues et outils de recherche ; un aperçu des collections8 et de leurs nouveautés9 ainsi que, dans un cadre pédagogique et accommodant, un guide de « comment démarrer une recherche ? », conseillant l’utilisateur·trice – par un fil d’Ariane hiérarchisé – sur différentes thématiques de recherche (Guerres mondiales ou autres) et les archives qui y sont rattachées. Enfin, l’internaute pourra également bénéficier du travail titanesque (dont la liste présentée n’est pas exhaustive) de numérisation de documents d’archives, conservés par le CegeSoma et consultables en ligne. Cette partie reprend toutes les informations disponibles sur le contenu, les conditions d’accès, de consultations et de reproduction de ces documents digitalisés.

L’onglet « Collections » indiquera ainsi aux utilisateurs les différentes démarches réglementaires et – surtout – les trois sites catalogues inventoriant les innombrables archives conservées aux Archives de l’État et une riche bibliothèque, à savoir : tout d’abord, le catalogue Pallas de la Bibliothèque du CegeSoma et de sa photothèque, permettant d’accéder aux descriptions des collections du centre ainsi qu’à certains documents sous format numérique ; ensuite, le catalogue des archives du CegeSoma, offrant un aperçu direct des fonds d’archives ; enfin, le catalogue SEARCH des Archives de l’État, informant l’utilisateur·trice sur tous les fonds d’archives conservés dans les dépôts des AGR ou des Archives de l’État dans les Provinces. Si le CegeSoma fait également office de centre de documentation et de dépôt d’archives, la nécessité de stocker et conserver au mieux leurs collections a forcé une redistribution des archives du centre, qui ont été déménagées aux Archives générales du Royaume 2, au dépôt Joseph Cuvelier, à l’exception de quelques fonds transférés aux AGR, et des archives produites par le CegeSoma comme des archives iconographiques, sonores et audiovisuelles, qui sont toujours conservées au square de l’Aviation. Bien entendu, les documents transférés aux AGR-2 – toujours gérés à distance par le CegeSoma – sont consultables dans la salle de lecture appropriée, chaque lecteur·trice pouvant bénéficier sur place de l’assistance de scientifiques permanents au centre.

Un enjeu patrimonial et sociétal non négligeable

À nouveau, et ce depuis le milieu des années nonante, le CegeSoma parvient à mobiliser les opportunités qui s’ouvrent avec l’essor technologique des digital humanities, en se « démarquant comme institution pionnière en matière de numérique »10. Cette nouvelle plateforme, s’inscrivant – par un ‘heureux’ hasard – avant une période de pandémie mondiale et de crise sanitaire, souligne à quel point l’absence physique et le confinement cèdent d’autant plus la place à une « présence renforcée via les canaux numériques »11, illustrant à nouveau l’importance des dynamiques en constante évolution de digitalisation du travail de recherche et de patrimonialisation. À la fois profondément rattachées à ainsi que conséquences significatives de la numérisation toujours plus importante des documents d’archives, ces productions en ligne témoignent de la dimension capitale de la démocratisation de la recherche, favorisant encore et toujours un accès quasi-total et direct à la source de l’information historique.

Referenties