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Claes, Tinne, Zaad zonder naam. Een biografie van de spermabank (Tielt : Lannoo, 2022), 277 p.

Niels De Nutte, SSAB-VUB

Depuis plusieurs années déjà, le don de sperme (également appelé don de gamètes), est un thème récurrent dans les médias grand public. Entre-temps, le débat ne porte plus sur les implications morales de cette pratique. Les thèmes qui ont pris le devant de la scène sont la perception et la formation de l’identité des enfants issus de ce don, la question du don anonyme ou identifiable et l’opportunité, ou la nécessité, que constituent les banques de données d’ADN permettant aux enfants de retrouver leurs demi-frères et demi-sœurs.
L’apparition récente de ces débats avec une certaine régularité a plusieurs raisons, notamment le fait qu’aujourd’hui, notre société connaît la première (grande) génération d’adultes issus d’un don de gamètes et arrivés à un âge où ils ont eux-mêmes des enfants et souhaitent, à leur tour, s’informer sur leur patrimoine génétique. À cet égard, l’évolution de la position des enfants et jeunes adultes dans les débats sociaux joue également un rôle. L’enfant n’est, en effet, plus un individu absent dans l’expression de l’opinion publique, voire sur la scène politique.
L’ouvrage de Tinne Claes arrive donc à point nommé. Elle nous permet de jeter un regard sur une partie de l’histoire qui ne se retrouve pas dans les livres. Comme elle l’explique avec justesse : « Le silence des livres d’histoire donne pratiquement l’impression que l’absence d’une progéniture est un phénomène contemporain, un problème restreint à la femme occidentale moderne qui met son désir d’enfants entre parenthèses pour bâtir sa carrière. Rien ne saurait être moins vrai. L’absence contrainte d’enfants est probablement aussi vieille que l’humanité, et sans doute aussi ancienne que l’histoire écrite » (p. 15). C’est en effet à nous, historiens, de ne pas exercer notre métier uniquement à partir de sources écrites, mais précisément de rechercher les nuances, voire les sujets qui ne sont pas écrits et qui risquent de s’évanouir dans les méandres de l’histoire.
Dans sa recherche centrée sur la manière dont les gens tentent de combler un désir d’enfant lorsque la voie naturelle ne peut plus être empruntée, Tinne Claes aborde la question du don de sperme et des cliniques de fertilité. À partir de quelques exemples inattendus pour un non-spécialiste, elle expose l’évolution de la perception de l’impossibilité d’avoir des enfants comme un problème médical. Et c’est à partir de là que cet ouvrage devient atypique pour les historiens. L’absence de ce sujet dans les sources écrites fait que cette avancée dans la recherche se fonde essentiellement sur la méthode de l’histoire orale, méthode hautement pertinente, mais tout aussi complexe, sinon controversée.
Il en ressort un récit principalement chronologique de plusieurs rencontres avec des personnes concernées par ce sujet à différents niveaux. Un récit destiné au grand public qui prouve à quel point les normes éthiques ne sont en rien un monolithe figé dans le temps. Les valeurs et les normes changent, même celles qui ont trait à l’opportunité de l’insémination artificielle. Cet ouvrage se concentre sur la médicalisation du désir insatisfait d’enfants, mais se penche également sur les actions et pratiques de ceux qui, contraints ou non, ont agi en dehors des canaux officiels, comme les couples lesbiens. Le sous-titre du livre, qui pourrait sembler étrange à toute personne jetant un premier regard sur la couverture, n’a donc pas été choisi par hasard. Il ne s’agit pas de l’histoire de la banque du sperme, mais de la perspective des personnes de la vie desquelles cette institution fait ou a fait partie, et donc d’un ouvrage biographique.
L’absence de sources écrites sur lesquelles s’appuyer a compliqué le défi que Tinne Claes s’est posé. Mais c’est précisément la raison de son choix de faire de cet ouvrage un témoignage destiné à un large public. Les titres des chapitres révèlent d’emblée les parties concernées dans le contexte belge : Pionniers discrets, Catholiques rebelles, Se taire, Bricoleurs, Une faille dans le marché, Deux mères et Détectives donateurs. Des titres qui feraient penser à un roman policier.
Rien n’est moins vrai. Tinne Claes offre une tribune aux souvenirs de gens concernés. Elle reconnaît que ces hommes et femmes se servent de leur passé pour expliquer leur existence, sans toutefois le problématiser. Et en tant qu’auteure qui ne formule aucune conclusion, elle ne risque certainement pas ce qu’un pionnier du secteur médical a vécu, que Tinne Claes formule ainsi : « C’est le danger d’une opinion marquée : le temps peut toujours se retourner contre vous. » (p. 48) La phrase qui suit cadre mieux dans cette œuvre : « Le silence est plus beau, car il permet de se faire oublier. » Toutefois, le silence et l’oubli ne sont pas ce que cet ouvrage mérite. Il doit être lu, à n’en pas douter.

- Niels De Nutte, SSAB-VUB