Les archives de la Fraternelle du service de sabotage Hotton, désormais accessibles au CegeSoma
Fabrice Maerten, CegeSoma
Déjà très riche en fonds d’archives relatifs à la résistance en Belgique pendant la Seconde Guerre mondiale, le Centre d’Étude Guerre et Société (CegeSoma) des Archives de l’État, a récemment acquis les archives de guerre et d’après-guerre du service Hotton, qui se distingue par la formation d’un maquis très actif dans la région de Chimay-Couvin à la fin de l’occupation.
Un plan ambitieux, une réussite partielle
Mise sur pied à la fin de l’été 1943, la mission Hotton ne se concrétise vraiment qu’avec la nomination à sa tête, début 1944, de l’ingénieur civil Albéric Maistriau. Vu la nécessité d’agir vite, ce dernier rallie à sa mission des groupes existants déjà rompus aux sabotages et capables de s’intégrer dans un plan d’ensemble de harcèlement. En quelques semaines, il réussit à rassembler des noyaux totalisant environ 350 résistants à Bruxelles et dans diverses communes de Wallonie. Mais l’arrestation, dès la fin mai 1944, d’acteurs majeurs du nouveau service affaiblit considérablement l’organisation dont l’action se concentrera surtout dans le sud des provinces du Hainaut et de Namur.
La guerre subversive en Thiérache1
Formé de quelques dizaines de membres autour d’un noyau de techniciens et d’intellectuels venant de Bruxelles, le groupe présent dans les forêts de Thiérache débute ses activités à l’automne 1943, fort du soutien de la population locale. L’intégration dans le service Hotton et l’approche de la Libération favorisent la multiplication des actions. De juin à septembre 1944, le groupe exécute environ 60 opérations sous la forme de sabotages, embuscades, saisies de matériel de guerre, engagement avec l’ennemi, suppression d’agents de sa police. Ces actions coûtent la vie à huit membres du groupe. En outre, 61 personnes liées au groupe sont arrêtées par les polices allemandes : 23 d’entre elles meurent, exécutées ou d’épuisement dans les camps de concentration nazis.
Les archives
Relativement peu volumineuses (environ deux mètres linéaires), les archives de la Fraternelle du service Hotton sont très précieuses, car elles rassemblent une majorité de documents qui rendent précisément compte de l’activité du service, et surtout de son groupe de Thiérache, sous l’occupation.
On y retrouve en effet des rapports d’activités, une documentation technique et environ 350 dossiers personnels d’agents du service, datant pour l’essentiel de l’immédiate après-guerre, mais aussi un ensemble de notes, de messages, de tracts, d’instructions et de faux papiers du temps de la clandestinité. Le fonds comporte aussi plusieurs dossiers relatifs à des affaires de dénonciation. Les données personnelles qu’ils contiennent pouvant encore être sensibles aujourd’hui, les donateurs ont exigé que le fonds soit uniquement accessible aux étudiants et chercheurs professionnels.
Enfin, quelques dossiers traitent aussi de l’activité de la Fraternelle depuis sa mise en place progressive à partir de 1946 jusque dans les années 2000. Le tout est répertorié sous la cote AA 2512.
Références
- Titre de l’excellent ouvrage rédigé par deux acteurs majeurs du service Hotton, sur lequel ce texte s’appuie : Marcel Franckson & Jacques Burniat, Chronique de la guerre subversive. Le service Hotton en Thiérache, Bruxelles, 1996. L’ouvrage est disponible en version numérique en bas de sa description dans le catalogue Pallas accessible via le site internet du CegeSoma.