La radio et de la télévision publiques francophones à travers leurs archives
Flore Plisnier
Depuis les années 1980, l’histoire des télévisions et, dans une moindre mesure, des radios, connaissent un essor considérable. L’historiographie belge a suivi cette tendance renforcée par la crise que traverse
l’audiovisuel de service public à l’époque. Ces recherches offrent de nouvelles perspectives en rompant progressivement avec les études antérieures qui se contentaient souvent de décrire les faits juridiques avec comme source principale les discours officiels, considérés comme le reflet fidèle de la réalité. Cette nouvelle approche des médias a été rendue possible par l’ouverture (partielle) des archives des instituts de radio-télédiffusion (Radio-télévision belge-RTB/ Belgische Radio en Televisie-BRT). Cependant, l’accessibilité de ces archives administratives restait très limitée, surtout du côté francophone du pays, et forçait les chercheurs à travailler davantage sur les contenus que sur les structures de l’audiovisuel.
Archives générales du Royaume.
Depuis septembre 2017, cette situation s’est nettement améliorée. Les archives de la RTB, versées aux Archives générales du Royaume (AGR) sont désormais ouvertes à la recherche. Ce sont près de 400 mètres linéaires d’archives papier de la radiodiffusion de service public francophone qui ont été versés aux AGR à partir du milieu des années soixante. La période couverte par ces documents s’étend de 1928 à 1985, mais ils se rapportent principalement aux années 1950 à 1980. Ils concernent les activités de la RTB ainsi que de l’ISC (l’Institut des services communs, institut chargé entre autres de missions administratives et techniques pour le compte de la BRT et de la RTB) et de l’Institut national de radiodiffusion (INR). Ces archives viennent compléter d’autres fonds d’archives de la radio et de la télévision belges conservés aux AGR, tels que les archives papier de l’Institut des services communs (240 mètres linéaires), de la BRT (190 mètres linéaires) et la collection de microfilm de la VRT. Ces trois fonds ont été inventoriés par Joachim Derwael en 2011.
Archives générales du Royaume.
Ce fonds considérable permet d’appréhender la radio et la télévision francophones sous ses divers aspects. La structuration de la RTB, les rapports de forces qui s’y déployaient, sa gestion administrative et financière, sa régionalisation ou encore sa façon de percevoir et de mettre en pratique les missions qui lui étaient légalement dévolues peuvent en effet être étudiés de façon approfondie. Il en va de même pour la production et la réalisation des émissions radio et TV et l’orientation donnée aux programmes. Ce fonds est également d’une importance considérable pour l’étude des émissions en tant que telles et principalement des émissions radio au lendemain de la Seconde Guerre mondiale et durant la décennie suivante. En effet, les nombreuses conduites et textes d’émissions permettent de pallier l’absence de source sonore datant de cette époque, les bandes étant généralement réutilisées plutôt que conservées. Enfin, les relations que la RTB entretenait avec les organismes de radio-télédiffusion étrangers en matière d’échange de programme et de coopération sont également une thématique que la consultation de ces documents permet d’aborder.
Plisnier F., Inventaire des archives de la Radiodiffusion Télévision belge. Institut des émissions françaises et successeur en droit (1928-1985), Bruxelles, AGR, 2017 (Inventaires Archives générales du Royaume, 624).