Archives de l’Université de Liège
Marie-Élisabeth Henneau et Cécile Oger
En plus de certains fonds toujours conservés par certaines facultés, les archives relatives à l’histoire de l’Université de Liège sont essentiellement déposées au service des Archives de cette institution ainsi que dans les fonds patrimoniaux du Réseau des bibliothèques. Cette répartition provient d’une distinction jadis opérée entre les documents liés au fonctionnement de l’institution et les papiers savants ayant trait à l’activité scientifique de son personnel.
Archives de l’Université
Créé en 1990, le service des Archives travaille en collaboration avec le Réseau des bibliothèques et le service des Collections artistiques pour permettre aux chercheurs d’accéder au mieux à la documentation disponible. Y sont essentiellement conservées les archives administratives de cette institution, depuis sa fondation en 1817.
Archives du Secrétariat central
D’abord confiées aux bons soins du secrétaire du recteur, sous la supervision, notamment, du secrétaire du Conseil académique (XIXe siècle), les archives administratives ont ensuite été gérées jusqu’en 1990 par le service du Secrétariat central, relevant directement du rectorat. C’est cette riche collection d’archives, classées et inventoriées pour les besoins du fonctionnement de l’institution, qui constitue aujourd’hui le fonds historique le plus riche, surtout pour la période allant de la fondation (1817) à la seconde guerre mondiale.
On y trouve, notamment, les registres d’inscription au rôle (collection complète de 1826 à 1940), les actes du sénat, puis du conseil académique (1817-1940), les registres de correspondance des recteurs pour la même période…, en plus d’un millier de liasses relatives aux activités des autorités académiques, des enseignants et du personnel scientifique, aux étudiants – inscriptions, statistiques, résultats des examens, étudiants étrangers, sort des étudiants juifs durant la seconde guerre mondiale… –, au fonctionnement des écoles et facultés, aux manifestations scientifiques et protocolaires, aux relations extérieures avec les milieux scientifiques, politiques et culturels (ex : actions et fonctionnement de Fulréac en Afrique centrale)…
Parmi les récentes recherches fondées sur une exploitation approfondie de cette documentation, on peut citer, notamment, la thèse de Peter Dhondt (Un double compromis. Enjeux et débats relatifs à l’enseignement universitaire en Belgique au XIXe siècle, Gand, Academia Press, 2011) ou l’étude menée par le FER ULg sur la place des femmes dans cette institution (Où sont les femmes ? La féminisation à l’université de Liège, dir. J. Dor, Cl. Gavray, M.-É Henneau et M. Jaminon, Liège, Presses universitaires de Liège, 2017).
Archives du personnel
Les dossiers relatifs aux membres du personnel académique, scientifique et technique sont accessibles moyennant le respect du délai légal prévu (Loi du 8 décembre 1992 relative à la protection de la vie privée à l’égard des traitements de données à caractère personnel). Ils comportent essentiellement des données administratives mais peuvent également apporter de précieuses informations sur la carrière professionnelle et les activités scientifiques des enseignants et des chercheurs.
Archives des facultés
En plus des dossiers relatifs au fonctionnement des facultés conservés dans le fonds du Secrétariat central, une partie des archives administratives de la Faculté de Droit (XIXe siècle) et celles de l’École vétérinaire de Cureghem ont été déposées au service des Archives et sont en cours de classement.
Fonds spéciaux
Des fonds liés aux activités de certains professeurs ont également été accueillis au service des Archives (e. a. Léon-E. Halkin, Robert Demoulin, Jacques Stiennon, Irène Simon, Jules Aldenhoff, Paul Franchimont…). Ils ont été confiés par les intéressés au moment de leur départ à la retraite ou par leur famille après leur décès. L’un des plus remarquables est incontestablement celui déposé en 2016 par le fils du philosophe Marcel de Corte (1905-1994), remarquablement classé et inventorié par son disciple André Motte (Archives Marcel de Corte). Il a déjà suscité l’intérêt de plusieurs chercheurs belges et étrangers.
Fonds patrimoniaux du Réseau des bibliothèques
Les fonds d’archives conservés au sein des fonds patrimoniaux du Réseau des bibliothèques de l’Université de Liège peuvent se répartir en trois catégories : les archives de scientifiques (pour l’essentiel des membres de l’institution), les archives liées à des services ou des associations de l’Université et des archives données par des familles dont les membres ont marqué l’histoire industrielle, économique, politique ou régionale.
Archives de scientifiques
Les archives de scientifiques représentent la majorité des fonds conservés. Elles témoignent de l’activité scientifique de l’Université de Liège durant le XIXe et la première moitié du XXe siècle dans des domaines variés tels que les sciences, les mathématiques, la médecine, l’histoire ou les lettres. Ainsi sont conservées la correspondance du mathématicien Eugène Catalan (1814-1894), des archives des physiologistes Théodor Schwann (1810-1882) et Léon Frédéricq (1851-1935) et du père de la biochimie comparée Marcel Florkin (1900-1979). Dans le domaine des sciences, on notera particulièrement les archives du physicien Michel Gloesener (1794-1876) et du chimiste Jean-Pierre Minckelers (1748-1824). Ce dernier fonds fait figure d’exception, en effet, Minckelers n’a jamais professé à l’Université de Liège.
Les archives de personnalités telles que celles de Karl Hanquet (1871-1928) ou d’Ernest Mahaim (1865-1939) témoignent de leurs recherches et enseignements, mais également de leurs engagements politiques.
Archives liées à des services de l’institution
La bibliothèque conserve quelques fonds d’archives liés à des services ou des associations de l’institution tels ceux de l’AILg (Association des Ingénieurs diplômés de l’Université de Liège), de l’AIM (Association des Ingénieurs de Montéfiore), des bibliothèques de l’Université.
Archives de familles, d’entreprises
Les bibliothèques de l’Université, se sont vu confier, par le biais de plusieurs dons, des archives familiales. Le fonds d’archives provenant du château d’Halloy permet de retracer l’histoire des familles d’Omalius d’Halloy et de Sélys Longchamps sur cinq générations et de suivre le parcours politique de plusieurs de leurs membres.
Les dons de la famille Nagelmackers dans les années 1990 et en 2015 ont permis de constituer un fonds d’archives retraçant l’activité de la banque familiale. La même année, la famille de Weissenbruch a cédé aux bibliothèques de l’Université l’ensemble des archives de l’entreprise familiale. Ce fonds, toujours en court d’inventaire, permet de retracer l’activité de ces imprimeurs depuis leur installation à Liège en 1756 jusqu’à la fin de l’entreprise, à Bruxelles, au début de ce siècle.
C’est par le biais d’une histoire tourmentée qu’une partie des archives de Cockerill sont entrées dans les collections de l’Université. Prêtées à Ernest Mahaim pour ses travaux sur l’entreprise Cockerill, elles ont été saisies par les forces d’occupation allemande durant la seconde guerre mondiale en même temps que l’ensemble des archives d’Ernest Mahaim. Transférées à Berlin, elles seront à la fin de la guerre emportées par les troupes russes et conservées par les Archives spéciales de l’Union soviétique. Retrouvées en 1992, elles ont été restituées à l’Université en 2003 avec les archives d’Ernest Mahaim. Ce fonds préserve la correspondance de William Cockerill, pour les années 1810-1815, avec ses fournisseurs, ses mécaniciens et ses envoyés auprès des usines. Outre les travaux et des notes préparatoires aux travaux d’Ernest Mahaim sur Cockerill, le fonds renferme également les archives d’Ernest Mahaim relatives au Comité de Secours et d’Alimentation de la Province de Liège et à ses mandats comme représentant belge à l’Organisation internationale du Travail.
Le travail d’inventaire de ces fonds est partiellement achevé. L’encodage des données sous le format EAD est en cours et une première interface de consultation devrait voir le jour pour la fin de l’année 2017. Les fonds et leur description seront ainsi consultables en ligne. La numérisation de ces fonds a débuté et les premiers fonds seront accessibles également fin de l’année 2017 sur DONum, le dépôt d’objet numérique de l’Université.
Archives de l’Université de Liège - contact : mehenneau@ulg.ac.be.
Réseau des bibliothèques – contact : Cecile.Oger@ulg.ac.be
Webreferenties
- FER ULg: http://web.philo.ulg.ac.be/ferulg/
- Archives Marcel de Corte: http://culture.ulg.ac.be/jcms/c_2404130/fr/les-archives-marcel-de-corte-accessibles-a-l-ulg
- DONum: http://donum.ulg.ac.be/