« 22 v’là les gendarmes ! » Des milliers de dossiers personnels de gendarmes désormais accessibles aux Archives générales du Royaume.

Arnaud Charon, Archives générales du Royaume (AGR)

En février 2021, le premier inventaire réalisé dans le cadre du projet BRAIN 2.0 NaPol-Intel a été publié. Ce projet de recherche vise l’étude de la gestion de l’information policière et des processus de centralisation des services de police en Belgique, entre 1918 et le début des années soixante. Près de 16.000 dossiers personnels de gendarmes sont désormais accessibles aux AGR.

Le gendarme, une figure emblématique

Créée en 1830, la Gendarmerie nationale a pour mission la conservation de la paix publique, la police administrative et judiciaire, et la surveillance des soldats. Alors seul corps de police présent sur l’ensemble du territoire, elle devient, à partir des années 1860, l’acteur principal de la répression des crimes et délits et du maintien de l’ordre dans le pays, au détriment des polices locales. Elle ne cesse alors de se développer et voit ses effectifs constamment augmenter, allant de 1.500 gendarmes en 1875 à 4.300 gendarmes en 1914. Ils sont plus de 10.000 durant la Seconde Guerre mondiale. Le gendarme devient peu à peu une figure familière et emblématique de l’histoire politique, sociale et médiatique du pays, liée tant aux grands évènements, comme les grandes grèves de 1936 ou celles de 1960-1961, qu’à la vie quotidienne des citoyens.

Le gendarme Jean Everaert vers 1920 (AGR, Archives de la Police fédérale. Service historique. Dossiers personnels et documentation concernant les gendarmes, 5.553).

Des archives éparses…

Échappant à la législation archivistique jusqu’à sa démilitarisation en 1991, la Gendarmerie n’a accordé que peu d’intérêt à la préservation de son patrimoine historique durant ses deux siècles d’existence. Relativement peu d’archives ont survécu à la destruction quasi systématique qui était de mise.
Ballotés entre différentes réformes des polices, les dossiers personnels des gendarmes sont actuellement éclatés entre plusieurs institutions. Les dossiers des sous-officiers nés avant 1910-1915, qui sont désormais consultables aux AGR, ont été transférés dans les années quatre-vingt par le Service du personnel au Centre d’histoire et des traditions de la gendarmerie. Mais beaucoup de dossiers avaient probablement déjà été détruits, puisque les dossiers des gendarmes nés avant 1885 manquent à l’appel. De plus, une grande partie de ces dossiers semblent avoir été reconstitués par le centre au cours de ses recherches. Si les données biographiques rassemblées sont malheureusement loin d’éclairer les carrières de ceux qui ont œuvré au sein du corps depuis 1830, la grande diversité des documents conservés – dossiers matricules « classiques », fiches, biographies et photos – compense quelque peu les lacunes.

Un groupe de gendarmes à cheval, probablement aux casernes d’Etterbeek vers 1920 (AGR, Archives de la Police fédérale. Service historique. Dossiers personnels et documentation concernant les gendarmes, 7.203).

Conscient de l’intérêt de ces dossiers, le musée de la Police fédérale – leur dépositaire – décide de verser en 2019 ces 70 mètres linéaires aux AGR. Le projet NaPol-Intel a permis de les ouvrir rapidement à la recherche, marquant le début d’une longue série d’inventaires qui paraîtront dans les prochains mois. Une affaire à suivre…
L’inventaire est disponible uniquement en version numérique et peut être téléchargé gratuitement sur le webshop des AGR. Conformément aux législations en vigueur, seuls les dossiers des personnes nées il y a plus de 100 ans sont librement consultables.