Koen Aerts, Maarten Van Ginderachter, Antoon Vrints, Nico Wouters, De publieke historicus. Bruno De Wever en zijn vak, Lannoo, 2023, 256p.

-Geneviève Warland, UCLouvain

Gelukkig Bruno De Wever ! Quel bel hommage lui est rendu par ce livre pour son accession à l’éméritat ! L’ouvrage retrace le parcours de cet historien du nationalisme flamand devenu professeur à l’université de Gand promouvant l’histoire orale et l’histoire publique. L’université de Gand est d’ailleurs la première université belge à proposer un programme d’études dans ce domaine : avec Gita Deneckere, Bruno De Wever créée en 2007 l’Institut voor publieke Geschiedenis, véritable interface entre la recherche, l’enseignement et la société civile (Koen Aerts, Maarten Van Ginderachter, Antoon Vrints, Nico Wouters, « De carrière van Bruno De Wever » ; Gita Deneckere, « De historicus tussen wetenschap en maatschappij » et Fien Danneau & Christophe Verbruggen, « De mogelijkheden van digitale publieksgeschiedenis »).

Le plaidoyer pour la reconnaissance de l’importance sociétale de l’histoire publique est un des leitmotiv de ce livre : il révèle l’activité et les prises de position de De Wever au cours de sa carrière, mais aussi celles de ses élèves, historien.ne.s et journalistes, montrant la pertinence d’un rapport pluriel à l’histoire, à travers les médias et la fiction romanesque ou télévisuelle (Giselle Nath, « Over de rol van de historicus (m/v/x) en de media » et Annelies Beck, « Het spanningsveld tussen historische fictie en geschiedeniswetenschap »), de même que par les potentialités du numérique pour rendre les sources accessibles, initier des projets participatifs et déployer une narration multimédiale (Fien Danneau & Christophe Verbruggen, « De mogelijkheden van digitale publieksgeschiedenis »).

Ce plaidoyer écorne l’institution universitaire en Flandre qui, obnubilée par les classements internationaux reposant sur la recherche en anglais et les publications dans des revues A1, ne prend pas assez en considération la fonction sociale de l’historien envers la communauté locale, régionale ou nationale (Koen Aerts, Maarten Van Ginderachter, Antoon Vrints, Nico Wouters, « De carrière van Bruno De Wever » et Gita Deneckere, « De historicus tussen wetenschap en maatschappij »). Il met également en garde contre les tentatives d’instrumentalisation des historiens par les instances politiques dans des projets identitaires tels que le Canon van Vlaanderen et Het verhaal van Vlaanderen (Pieter Lagrou, « De historicus als overheidsconsulent »).

Bien davantage, l’ouvrage offre un panorama – par petites touches car disséminé dans les contributions – de réalisations multiples et diverses (musées, sites internet, séries télévisuelles, romans historiques, …) relevant de l’histoire publique en Flandre et, par comparaison, ailleurs en Europe et dans le monde. Toutes les contributions renvoient à l’implication de De Wever ou à son influence comme spécialiste du nationalisme flamand, professeur en didactique de l’histoire et historien public.

L’importance sociétale de l’histoire est encore rappelée dans deux chapitres, l’un mettant en avant le difficile usage des analogies historiques indispensables pour acquérir une conscience historique et comprendre le présent de manière critique (Karel Van Nieuwenhuyse & Kaat Wils, « Geschiedenisonderwijs, burgerschapseducatie en de rol van historische analogieën ») et l’autre insistant sur la nécessité d’adopter – sans recourir à la polémique – une position ferme et engagée contre les négationnismes et révisionnismes de la part d’individus, de groupes ou d’États autoritaires (Berber Bevernage, « Over historisch negationisme en extreem revisionisme »).

Enfin, la question des sources de l’histoire, c’est-à-dire aussi des archives, est évoquée par la présentation d’un site internet d’histoire sociale sur les témoignages provenant des archives judiciaires, laquelle retrace du même coup les transformations de l’histoire par en bas (Margot De Koster & Laura Nys, « Nieuwe sociale geschiedenis en de stemmen van gewone mensen »).

Issu de l’université de Gand où il a étudié puis enseigné, Bruno De Wever se situe en définitive, par son goût pour l’histoire sociale et la communication de l’histoire, dans le sillage d’Henri Pirenne, autre sommité gantoise et, comme le suggère Gita Deneckere, premier historien public avec son Histoire de Belgique. De publieke historicus. Bruno De Wever en zijn vak fournit, dès lors, un résumé foisonnant de la carrière et des centres d’intérêt de De Wever, esquissant en même temps les évolutions de plusieurs domaines historiographiques dans le Nord de la Belgique.

-Geneviève Warland, UCLouvain

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