Le fonds Simone Berson

Kelly Visla, Archives et Musée de la Littérature (AML)

Née à Paris en 1894 dans une famille juive, Simone Berson (née Simone Becher) a grandi en Belgique où sa famille s’est installée peu de temps après sa naissance. Très tôt, elle manifeste un intérêt pour la littérature. Elle est la nièce d’André Picard, qui fréquentait les cercles de Marcel Proust et de Tristan Bernard et qui exerça une influence certaine sur la future écrivaine.
Elle débute sa carrière littéraire en écrivant des contes à destination de la presse. Elle remporte un concours organisé par La Dernière Heure, dont elle devient une collaboratrice régulière et ce pendant de nombreuses années. Peu de temps après avoir reçu cette première distinction (la première d’une longue série), elle se plonge dans l’univers du roman, mettant souvent en scène la vie de femmes d’origine juive (thématique sur laquelle elle réfléchira beaucoup au fil de sa vie).

Ses lecteurs ont souvent souligné la féminité présente dans ses œuvres, son art consommé de la mise en scène et la complexité de ses personnages. Son premier roman, La Nouvelle Camille, était paru sous le nom de Simone Bersou, patronyme de son époux, avant qu’elle ne choisisse le pseudonyme Simone Berson, parfois remplacé par d’autres alias comme Fantasia ou Monique (entre autres). Sa carrière littéraire s’étend jusqu’au début des années 1970, peu de temps avant son décès qui survient en 1975.

Couverture du périodique littéraire français Les Feuillets bleus, n°58, 1er novembre 1930 (Coll. AML)

Écrivaine protéiforme, elle a publié aussi bien des romans, des nouvelles, des poèmes, que des articles de presse et des essais. Ses œuvres ont suscité beaucoup d’attention dans la presse, ce dont l’écrivaine a minutieusement conservé une trace, en collectionnant les coupures de journaux la concernant. Quelques-uns de ses romans ont été adaptés au théâtre, à l’instar de Jeu de glaces. La plupart de ses œuvres se veulent fictives, mais quelques écrits comme Au gré du souvenir et Nous avons fait bon voyage ou De Venise à Venise ont une portée autobiographique.

Simone Berson a activement participé à la scène littéraire belge et même au-delà, ce dont témoigne une abondante correspondance. Parmi ses correspondants réguliers, l’on dénombre notamment Marcel Thiry, Margot Hausenstein, France Adine et Henri Carton de Wiart. Au sein de ses archives, figurent également des centaines de lettres d’admirateurs ; si certaines critiques peuvent surgir çà et là, leur nombre paraît infime au regard des témoignages d’affection dont l’autrice a fait l’objet. Simone Berson conservait tout, y compris les lettres de refus que lui ont adressées certaines maisons d’édition. Ce fonds permet ainsi de mettre en lumière le processus éditorial de l’entre-deux-guerres et de l’après-guerre ; ainsi, ce ne sont pas moins de quinze lettres qui documentent les négociations de l’autrice avec la Librairie Ernest Flammarion au sujet de La Chair dispose qui paraît finalement en janvier 1936.

Couverture de la publication de La Chair dispose paru chez Flammarion (édition de 1936). (Coll. AML)

Le fonds Simone Berson comporte en outre plusieurs documents relatifs au poète contemporain Valère Gille, d’une vingtaine d’années son aîné et sur lequel elle a travaillé (plusieurs manuscrits de la main de Berson l’attestent). Parmi ceux-ci, des œuvres de l’auteur, quelques exemplaires de La Jeune Belgique, de nombreuses coupures de presse commémoratives consécutives à son décès, ainsi que le stylo du poète.

Si les œuvres de Simone Berson ont été quelque peu oubliées au fil du temps et si l’intérêt pour l’autrice a fortement décliné après son décès, en dépit de la fortune dont elle avait bénéficié de son vivant, les archives détenues aux AML permettent désormais de redécouvrir les multiples facettes de cette femme de lettres et, espérons-le, de la sortir du purgatoire pour lui offrir une seconde existence.