Call for Papers: Au coeur de la Grande Guerre. L’individu au croisement du civil et du militaire

L’École d’été organisée en 2016 par le Centre international de recherche de l’Historial de la Grande Guerre de Péronne a engendré de nombreux échanges et débats qu’il a paru nécessaire de prolonger et de pérenniser. Pour ce faire, nous vous proposons un appel à communications en vue de journées d’études, réservées aux doctorants ou détenteurs d’un diplôme de master, qui débouchera sur une publication d’actes.

L’historiographie de la Grande Guerre s’est largement construite sur la base d’une séparation entre l’histoire des combats d’un côté, et celle des populations occupées et de l’arrière de l’autre. Or, raisonner selon ce schéma, c’est oublier que la Première Guerre mondiale, en tant que guerre totale, a offert de nouveaux lieux et temps de rencontre, de coexistence et de cohabitation entre la sphère civile et la sphère militaire. Du front à l’arrière en passant par les territoires occupés, l’expérience de guerre est un croisement, voire un entremêlement du civil et du militaire, que l’expression consacrée « Home Front » traduit parfaitement.

Pour les individus assujettis au service en armes, la mobilisation générale est assurément une profonde rupture avec la vie « d’avant », en particulier la famille et le village. Mais cette acceptation du conflit doit aussi se comprendre dans une certaine continuité, celle du processus de formation du citoyen qui, de la cour de l’école à celle de la caserne, prédispose à la guerre. De la même manière, le moral des combattants ne peut être envisagé sans prendre en compte un élément récurrent et essentiel de leur horizon de pensée, l’arrière, à la fois souvenir et espoir. Cela reviendrait à oublier que l’essentiel des soldats de la Grande Guerre sont des civils sous uniforme. Il y a également, au coeur de ces entremêlements, matière à questionner les transferts de pratiques de la sphère civile vers la sphère militaire.

De semblables remarques sur la porosité de ces deux sphères s’appliquent également aux populations des territoires occupés et de l’arrière. La présence du militaire fait partie intégrante du quotidien du civil, la guerre s’invite dans les vies, les foyers et les familles. En zone occupée, de la collaboration à la résistance, la réaction des civils face à la présence de l’occupant témoigne de l’intrusion du militaire dans la sphère civile. De cette manière, le civil se réapproprie et réinterprète le militaire, donnant naissance à des comportements inédits. Les actions menées après la guerre à l’encontre des collaborateurs et des femmes appelées « femmes à boches », rendent également bien compte d’une extension de la conflictualité aux sphères les plus privées et intimes de la vie des sociétés occupées. L’arrière, quant à lui, doit être repensé afin de s’éloigner d’une lecture qui le ramènerait systématiquement à son effort de guerre et à l’Union Sacrée, pour la France, nous poussant à y découvrir la complexité du rapport des civils aux affaires militaires.

Loin de nier cependant la distinction à faire entre l’expérience radicalement différente du soldat et celle de l’homme et de la femme occupés ou de l’arrière, il nous faut ramener l’individu dans une même approche : l’être humain en guerre, acteur au coeur du truchement des champs militaires et civils. Cette grille de lecture, largement héritée de l’historiographie renouvelée du premier conflit mondial qui tend à remettre l’individu au centre du débat, fonde notre propos. Au-delà d’une simple rencontre entre civils et militaires, l’intérêt de cette réflexion est de saisir comment l’être humain intègre et associe ces deux dimensions, témoigne de ce croisement, le manifeste et l’exprime à travers ses choix et comportements, individuels ou collectifs.

Les communications attendues porteront sur ce rapport civil/militaire tant durant la Grande Guerre que dans un temps plus long. Le cadre géographique du propos, quant à lui, ne se limitera pas aux théâtres européens, mais s’étendra à d’autres lieux d’affrontement, afin de poser la question de l’applicabilité de ces schémas à l’ensemble des belligérants. Les propositions de communication, d’une page maximum, devront être envoyées, accompagnées d’un CV académique d’une page également, avant le 3 mars 2017 à intheheartofthegreatwar@gmail.com. Les interventions pourront se faire en français ou en anglais.

Les journées d’études se tiendront du 26 au 28 octobre 2017 au Mons Memorial Museum à Mons, en Belgique. Les frais de déplacement et de logement seront couverts dans la mesure du possible. Nous vous invitons cependant à vous adresser prioritairement à vos institutions. Site internet : intheheartofthegreatwar.wordpress.com.

Comité scientifique

  • Luc Capdevila (professeur / Université Rennes 2)
  • Emmanuelle Cronier (maître de conférence / Université de Picardie – Jules Verne)
  • Emmanuel Debruyne (professeur / Université catholique de Louvain)
  • Franziska Heimburger (maître de conférence / Université Paris-Sorbonne)
  • Chantal Kesteloot (responsable du département Histoire publique / CEGESOMA)
  • Benoît Majerus (assistant professeur / Université du Luxembourg)
  • Markus Pöhlmann (chercheur / Zentrum für Militärgeschichte und Sozialwissenschaften der Bundeswehr)
  • Axel Tixhon (Professeur / Université de Namur)
  • Laurence van Ypersele (Professeur ordinaire / Université catholique de Louvain)

Comité organisateur

  • Emmanuel Debruyne (professeur / Université catholique de Louvain)
  • Erwan Le Gall (doctorant / Université de Rennes 2)
  • Gwendal Piégais (Université catholique de Louvain)
  • Élise Rezsöhazy (aspirante F.R.S.-FNRS / Université catholique de Louvain)
  • Axel Tixhon (professeur / Université de Namur)