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Mélanie Bost et Alain Colignon, La Wallonie dans la Grande Guerre 1914-1918. Waterloo: La Renaissance du livre, 2017.

Bruno Benvindo et Chantal Kesteloot, Bruxelles Ville occupée 1914-1918. Waterloo: La Renaissance du livre, 2017.

Élise Rezsöhazy, F.R.S.-FNRS/UCL

Si les questions d’occupation ont investi le champ de la recherche en histoire ces dernières années, cet aspect de la Première Guerre mondiale reste encore largement méconnu du grand public. Le CegeSoma, en destinant à la Grande Guerre deux nouveaux volumes de la série « villes en guerre » consacrée, en 2012, à la Seconde Guerre mondiale, participe à combler cette lacune. Alors que Chantal Kesteloot et Bruno Benvindo retracent dans un premier ouvrage la vie quotidienne à Bruxelles, Mélanie Bost et Alain Colignon se préoccupent quant à eux de dépeindre le sort des villes wallonnes durant le conflit. Dans la même optique que les précédents volumes, il s’agit d’offrir au public un album photographique des villes occupées. Dès l’introduction, les auteurs des deux volumes replacent la photographie dans le contexte de l’époque, alors que les appareils se démocratisent et sont désormais plus maniables, mais également comme source incontournable pour l’historien, et trop longtemps délaissée. La photographie ayant été largement utilisée à des fins de propagande par l’occupant, le lecteur est mis en garde face à l’instrumentalisation de l’image, tout en étant informé du caractère dangereux pour l’occupé de photographier, voire même de posséder un appareil. Les jalons de la démarche historique sont respectés par les historiens du CegeSoma autant qu’il est possible dans ces ouvrages de vulgarisation, exercice parfois ingrat, mais non moins passionnant. L’entreprise doit être d’autant plus saluée que ces sources sont rares et dispersées, de qualité souvent médiocre ou abîmées par le temps. Si la censure et les mises en scène peuvent constituer des obstacles à une représentation exacte du quotidien des citoyens belges sous l’occupation, le recours aux sources photographiques permet néanmoins de compléter et d’appuyer les nombreuses sources écrites déjà publiées. De manière différente, les deux ouvrages placent au centre de leur propos ce quotidien dans une ville occupée.

Le volume rédigé par Mélanie Bost et Alain Colignon, au cours d’un récit continu, évoque, peut-être un peu trop longuement, le contexte d’avant-guerre afin de répondre à cette question primordiale : qu’est-ce qu’une ville en Wallonie à la veille de la Première Guerre mondiale ? Six parties s’enchaînent ensuite pour dépeindre le quotidien sous l’occupation. Les photos y servent à illustrer le propos, sans en être le point de départ. Les auteurs suivent dans le premier chapitre la progression spatio-temporelles des armées allemandes, recourant à des descriptions parfois techniques pour un public qui ne serait pas familier avec l’histoire militaire. Le deuxième chapitre est consacré aux atrocités allemandes d’août 1914, qui font aujourd’hui encore l’objet de débats1. Les questions administratives et la description des structures allemandes d’occupation composent le troisième chapitre, entreprise trop rare dans d’autres ouvrages consacrés à l’occupation. Ce n’est toutefois qu’à partir du quatrième chapitre que le quotidien des civils est appréhendé, après avoir dépeint les structures administratives belges ayant subsisté tandis que le cinquième chapitre nous plonge dans les réactions des citoyens à l’occupation. Finalement, le dernier chapitre est consacré aux déplacements de populations et aux questions économiques ainsi qu’à la fin du conflit. Souhaitant représenter l’ensemble de la Wallonie, soulignons que les auteurs ont porté leur attention sur chaque province, ainsi que sur des bourgades de plus petite ampleur que les grandes villes que sont Liège ou Namur, rendant l’entreprise d’uniformisation du propos délicate.

L’ouvrage consacré à Bruxelles en guerre est construit différemment, et peut-être de manière davantage opportune au regard des objectifs des albums ; les photographies constituent la base du propos, le prétexte pour amener du contenu. Pas de texte continu pour Chantal Kesteloot et Bruno Benvindo mais des légendes complètes qui amènent chaque fois le détail de l’image vers le général du contexte. Malgré ce choix d’organiser le contenu sans texte continu, un réel fil rouge nous amène d’une image à l’autre. Ici, onze parties, à la fois thématiques et chronologiques, découpent l’ouvrage nous faisant voyager d’août 1914 à la mémoire de la guerre, champs de recherche qui prend de plus en plus d’importance dans l’historiographie actuelle de la Grande Guerre. Nous commençons le parcours par l’invasion de la Belgique qui pousse les Bruxellois à s’organiser face à la menace de l’arrivée de l’armée allemande, sujet de la deuxième partie. Du troisième au huitième chapitre, le centre du propos est le quotidien du Bruxellois sous l’occupation ; des réquisitions aux loisirs, du ravitaillement aux écoles, de très nombreux aspects sont abordés, même les plus méconnus, nous plongeant réellement au cœur de cette vie « à l’heure allemande ». Le chapitre neuf nous raconte le chaos de l’évacuation des troupes jusqu’à la « libération » de la ville par les soldats révolutionnaires allemands. Le retour des héros et les retrouvailles constituent le dixième chapitre tandis que le dernier est consacré à l’héritage de la guerre et à sa mémoire. Cet ouvrage a par ailleurs le mérite de susciter auprès du grand public des questions qui sont encore en débat chez les historiens, comme la question d’une « occupation » alliée lors de la libération. Nous regrettons cependant qu’aucune information ne soit fournie quant à la provenance des images.

Chacun à leur manière donc, ces albums nous permettent de nous approcher au plus près des citoyens occupés et des détails parfois minimes, mais ô combien significatifs de leur quotidien ; les parcelles de terre transformées en potager urbain, le transport des cercueils au moyen du tramway, etc. Nous découvrons sous un autre jour les lieux que nous connaissons aujourd’hui et que certains côtoient quotidiennement, apportant à sa lecture un côté « émotionnel ». Il aurait toutefois été bienvenu, pour une édition conjointe, de retrouver des structures similaires dans les deux ouvrages, en favorisant, peut-être pour une entreprise « grand public », la manière dont le volume sur Bruxelles est construit, qui attise davantage la curiosité du lecteur et qui correspond mieux à l’idée d’album. Quoi qu’il en soit, l’entreprise est nécessaire à la fois pour l’historien, en mettant au jour de nouvelles sources d’une grande richesse, et au public, qui prend connaissance de manière peut-être plus « vivante» de cette réalité méconnue du conflit.

- Élise Rezsöhazy

Webreferenties

  1. CegeSoma: http://www.cegesoma.be/cms/index_fr.php
  2. Chantal Kesteloot: http://www.cegesoma.be/cms/chantal_fr.php?cnvis=821741
  3. Bruno Benvindo: http://www.cegesoma.be/cms/archivage2017_fr.php?article=1018&truv=benvindo
  4. Mélanie Bost: http://www.cegesoma.be/cms/archivage2016_fr.php?article=2203&truv=muolanie+bost
  5. Alain Colignon: http://www.cegesoma.be/cms/alain_fr.php

Referenties

  1. Et récemment suite à la parution de Gunter Spraul, Der Franktireurkrieg 1914 : Untersuchungen zum Verfall einer Wissenschaft und zum Umgang mit nationalen Mythen (Berlin: Frank & Timme GmbH, 2016) qui remet en question les thèses développées par John N. Horne et Alan Kramer, German atrocities, 1914 : a history of denial (New Haven: Yale University Press, 2001).