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C. Lanneau, “L’action du FDF dans les Régions et Communautés (1971-2014)”, dans Courrier hebdomadaire, CRISP, n°2258-2259 et n°2260-2261, 2015.

En 2014, à l’occasion du cinquantième anniversaire des FDF (aujourd’hui DéFI), un ouvrage collectif est paru, retraçant l’histoire du parti.1 Seize chercheurs, issus de sept universités et centres de recherche, ont ainsi retracé le parcours de cette formation atypique, bénéficiant du rare privilège d’avoir accès à l’ensemble des archives – jusqu’aux plus récentes – conservées au siège du parti.

Professeur en Histoire contemporaine à l’Université de Liège, Catherine Lanneau participa au projet. Mais les 100.000 signes qui lui furent impartis pour étudier « Le FDF dans les provinces et les entités fédérées » ne lui permirent pas de communiquer de façon assez exhaustive le fruit de ses recherches. Ils l’invitèrent surtout à publier une version approfondie de son chapitre. C’est ce qu’elle fait dans cette double livraison particulièrement bienvenue du Courrier hebdomadaire du CRISP.

Le nouveau texte respecte la même structuration que le texte initial et reprend les principales idées de celui-ci. Son apport est pourtant considérable : apparat critique fortement enrichi, thématiques nouvelles, conclusion inédite justifient largement cette publication. Ajoutons que, pour l’occasion, l’historienne a choisi de se concentrer sur l’action du parti dans les Régions et Communautés, délaissant l’échelon provincial. Dicté par le caractère limité du rôle joué par les mandataires provinciaux amarante et le peu d’archives susceptibles de l’éclairer, le choix s’avère légitime.

La structuration du propos est classique et efficace. Après une introduction générale retraçant, à grands traits, l’histoire du FDF, l’historienne passe successivement en revue l’activité du parti au Parlement de la Communauté française, au Parlement flamand (CH, n°2258-2259) et dans les institutions bruxelloises (CH, n°2260-2261). A l’intérieur de chaque section, elle suit une logique chronologique. A la fin du deuxième tome, une conclusion générale vient balayer l’ensemble.

Au fil des pages, c’est un parti inévitablement sensible aux questions linguistiques et communautaires qui se laisse découvrir. En 1978, devant le Conseil culturel de la Communauté culturelle française, Antoinette Spaak lutte déjà contre le « franglais » et se bat pour faire voter un décret sur la défense de la langue française. Plus tard, à la Communauté française, plusieurs FDF se mobilisent pour diminuer le poids du néerlandais dans l’enseignement – en tentant notamment de limiter le développement des classes en immersion. Pendant ce temps, Christian Van Eyken, figure de proue du FDF au Vlaamse Raad, défend particulièrement les droits des francophones de la périphérie. Cette fermeté n’empêche pas les compromis. Catherine Lanneau rappelle ainsi qu’en 1996, le ministre régional bruxellois Didier Gosuin conclut un accord « de courtoisie linguistique » avec Vic Anciaux – non sans d’ailleurs s’attirer les foudres de son président de parti.

Mais le FDF ne se contente pas de jouer dans le cadre institutionnel défini, il tente aussi de le faire évoluer. Catherine Lanneau montre les efforts du parti, visant à faire de la Communauté française une instance forte, autant sur la scène intérieure qu’à l’échelon international. Elle met également en évidence le clivage récurrent qui oppose, en son sein, communautaristes et régionalistes.

Au-delà des débats institutionnels et communautaires, c’est un parti généraliste qui se révèle au fil des pages. Plus que d’autres ou avant d’autres, le FDF se montre attentif aux questions environnementales et urbanistiques. A Bruxelles, où il exerce des fonctions exécutives à plusieurs reprises, il se bat également pour la construction de logements sociaux. Souvent par l’intermédiaire de mandataires personnellement concernés par la problématique, il se montre aussi attentif aux questions d’immigration et de vivre-ensemble, défendant inlassablement l’émergence d’un Etat laïque.

L’étude de Catherine Lanneau est fouillée, documentée et novatrice. L’historiographie est totalement maîtrisée, l’apparat critique est solide. En plus de se référer à la littérature existante, l’historienne liégeoise a minutieusement et brillamment dépouillé les documents parlementaires des différentes instances auxquelles elle s’intéresse. Citant régulièrement le Moniteur, elle ne manque pas de précisément référencer les textes législatifs utilisés. Un large dépouillement du quotidien Le Soir enrichit par ailleurs son étude.

Sans doute celle-ci pourrait-elle se voir encore renforcée par l’apport de diverses sources internes au FDF. Certes, l’auteur cite quelques résolutions du parti, publiées sur son site web. Elle utilise régulièrement Perspectives francophones et plus exceptionnellement FDF-Contact. Peut-être une utilisation plus systématique des périodiques internes, biais privilégié par lequel le parti communique avec ses membres et défend son bilan, permettrait d’enrichir encore la problématique. De même, les programmes électoraux pourraient également offrir un éclairage neuf. Enfin, le dépouillement des procès-verbaux du bureau du parti ou l’interview de quelques-uns des protagonistes permettrait probablement de révéler, en amont de l’action du parti, les coulisses de certaines décisions, les rivalités interpersonnelles et les débats internes. Force est cependant de constater que le caractère désordonné et l’absence d’inventaire rendent difficile l’accès à certaines archives du/des FDF/DéFI.

Quoi qu’il en soit, s’il faut se réjouir de la volonté des amarantes de favoriser une meilleure connaissance de leur histoire, il convient tout autant de saluer le travail des historiens qui ont saisi l’aubaine. Catherine Lanneau en fait partie. En s’intéressant à l’action du FDF dans les entités fédérées, elle revisite le passé du parti sous un jour neuf. En même temps, elle apporte une très belle contribution à l’histoire institutionnelle récente de notre pays.

- Vincent Delcorps, UCL

Referenties

  1. Vincent Dujardin et Vincent Delcorps, FDF. 50 ans d’engagement politique. 1964-2014, Bruxelles, Racine, 2014.